Football

Ndi nk’abandi (Je suis comme les autres), un projet inclusif de football dans les camps des réfugiés de Nyankanda et Kavumu

 

Par Thierry Niyungeko

Dans le cadre de ce projet initié par la Fédération de Football du Burundi et financé par l’ambassade de France, deux ateliers de formations à l’intention des entraîneurs des camps des réfugiés ont été organisés, du 21 au 25 Septembre 2020, dans les sites de Kavumu en province Cankuzo et de Nyankanda à Ruyigi. Alphonse Kanega, directeur technique national adjoint à la FFB et gestionnaire de ce projet nous en parle dans cette interview.

TN : En quoi consiste votre projet ?

AK : Le projet Ndi nk’abandi (je suis comme les autres) a été initié lors d’une formation organisée par le Comité National Olympique et financée par l’ambassade de France au Burundi. Les directeurs techniques des fédérations sportives étaient alors conviés à un atelier d’échanges des bonnes pratiques en vue d’améliorer la qualité de leurs prestations. Après cette formation, l’ambassade a lancé un appel à projet pour que ceux qui ont des initiatives allant dans le sens de l’inclusion et de cohésion sociale puissent les présenter. Nous nous sommes donc réunis au niveau de notre direction technique et nous avons constaté qu’il y a un volet qui est un peu oublié mais qui en 2012 avait été abordé par le consultant FIFA Dominique Niyonzima à l’époque où il était DTN de la FFB. Comme il avait travaillé avec trois camps des réfugiés Congolais, il nous a suggéré de proposer un projet pour former les entraîneurs des deux nouveaux camps. Nous avons trouvé l’idée géniale et nous avons présenté notre projet qui a ensuite été accepté et maintenant nous sommes dans sa mise en œuvre aux camps de Nyankanda en province Ruyigi et Kavumu de Cankuzo.

Arrivés dans ces camps des réfugiés, quel a été votre constat ?

Nous avons constaté qu’au niveau des deux camps, il y a du foot. Les jeunes réfugiés jouent au football quoique les infrastructures et le matériel utilisés laissent à désirer. Les enfants parviennent toutefois à se débrouiller en confectionnant des ballons en chiffons ou fabriqués avec des sachets qui bondissent un peu comme des vrais ballons. Avec notre projet, les entraîneurs de chaque camp auront un lot d’assistance constitué de 10 ballons et 120 chasubles. Bien qu’il ne soit pas suffisant, ce matériel contribuera à améliorer la qualité du jeu des jeunes réfugiés.

Quel est le nombre d’entraîneurs formés dans ces camps des réfugiés?

Dans camp de Kavumu en province Cankuzo, ils étaient 30 plus les 29 du camp de Nyankanda à Ruyigi.

Les réfugiés constituent une catégorie perçue comme défavorisée. Comment est-ce que votre projet leur permettra de se sentir inclus et valorisés dans la société ?

Comme la formation que nous avons dispensée est reconnue au niveau de la fédéral, les entraîneurs qui la bénéficient pourront officier sur toute l’étendue du territoire national. Pour ceux qui voudraient aller loin et faire le coaching comme métier, ils auront la possibilité de poursuivre des formations pour l’obtentions des Licences reconnues par les hautes instances du football comme la CAF et la FIFA. Donc, à partir de cette formation, les bénéficiaires pourront faire carrière comme entraîneurs et gagner honnêtement leurs vies. Les enfants qui seront entraînés par ces coachs-éducateurs tireront partie de leur expérience puisqu’ils s’épanouiront sur le plan sportif et éducatif. S’ils sont talentueux, ils pourront aussi gagner leur vie comme joueurs. Au niveau de l’inclusion, il y aura un cadre de rassembler sur le terrain les équipes des réfugiés et celles de la population environnante. Avec de telles rencontres, les réfugiés pourront échanger avec les locaux et profiter ainsi de l’hospitalité légendaire des Burundais.

Quelle sera la plus-value de votre projet dans la vie des réfugiés ?

Pour les entraîneurs, ils pourront y faire carrière. Pour les jeunes réfugiés, ils pourront s’épanouir en jouant au football et pourront s’intégrer socialement à travers les matchs livrés dans un esprit sportif. Les plus talentueux pourront être retenus pour évoluer dans de bonnes conditions où ils pourront gagner leurs vies parce qu’avec le foot on peut bien vivre soit comme joueur, soit comme entraîneur. Pour ceux qui ne sont pas destinés au football, ils auront au moins profité de son côté social et son caractère fair-play.

Directeur technique adjoint Alphonse Kanega, merci.

C’est moi qui vous remercie.

Propos recueillis par Thierry Niyungeko