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Pelé: O Eterno, dans l’éternité!

Louis Ruzoviyo nous parle du roi Pelé qui est décédé récemment

Edson Arantes do Nascimento est mort mais Pelé est éternel, immortel !

Pelé l’Eternel, tel est le mémorable hommage, à juste titre, rendu à cet homme noir, descendant d’esclave, né dans un quartier pauvre de Minas Gerais au Brésil, le 23 Octobre 1940! Jamais un autre brésilien n’a eu autant d’éloges au Brésil ni dans le monde, ni les brillants écrivains comme Jorge Amado, Coello ni les célèbres musiciens: Vinicius de Moraes, Veloso, Luiz Gonzaga, Seixas et même le célèbre Feu Dom Helder Camara dit «l’évêque rouge» pour ses actions courageuses et humanitaires au Brésil, sous la dictature militaire.  Il a été certes reproché à Pelé son absence au matraquage médiatique dans la défense des droits des opprimés mais son image parlait de lui-même, en tant que champion et plus tard ministre extraordinaire des Sports actif au Brésil; une véritable force morale pour les noirs et les pauvres.  Il fut crédité de «trésor national»,  intransférable dans un pays étranger, par volonté du peuple. C’est ainsi que Inter de Milan eu un refus ultime malgré un salaire mirobolant mis sur table, après le Mondial gagné en Suède (1958). C’est une fois retraité que le Brésil laissa partir Pelé au Cosmos de New York, pour une cause politique «relation bilatérale», avait annoncé le doué secrétaire d’Etat américain Kissinger au Général Médici, sur insistance du président américain Nixon. C’est dire que le sport source de joie collective malgré ses débordements, donne un ascendant énorme à ses champions. Et Pelé « O REI » le roi, en est le meilleur. Balle au pied, Pelé a soulevé des foules par ses prouesses et le monde l’a « sacré » roi !  Le célèbre philosophe et savant Blaise Pascal, n’avait-il pas mentionné dans ses écrits: «la dualité de la misère et de la grandeur accompagne la condition de l’homme »… Il aurait fallu compléter par la joie! Et surtout comme l’indiquent certains  philosophes: l’être le plus merveilleux qui puisse exister en ce monde est celui qui apporte le bonheur et la joie … Pelé l’a fait balle au pied!

A Santos, la dernière demeure du roi, sa ville de cœur, c’est une  marée humaine qui s’est inclinée sur le cercueil et le cortège funéraire engloba plus de deux cent mille personnes, depuis «l’Hôpital Albert Einstein» où Pelé a tiré sa révérence !

La joie de jouer, l’audace de la jeunesse: Pelé et son précoce doublé d’affilée…

Lorsque l’entraîneur Vicente Feola fit appel à un gamin, de 16 ans dans la «selecao»,  dans l’équipe du Brésil, «Copa Roca», une année avant VM 1958; nul ne savait que l’adolescent allait être l’idole de tout un peuple et être l’attraction du Monde, une année plus tard, lors du Mondial en Suède. Un débat social entoura même sa sélection pour un mineur qui était préféré au lieu et place de Luizinho, la star de Corinthians un grand club brésilien. Mais le jeune Pelé allait mettre tout le monde d’accord, en Suède. C’est lors du troisième match qu’entrent en jeu Pelé et Garrincha, terrassant la Russie malgré le grand Lev Yachine célèbre gardien de but (2-0); buts de Vava décédé en 2002 (à 68 ans). Surnommé: «La poitrine d’acier» (« Peito do Aco ») pour sa combativité, il était né à Recife.

Du jeune Pelé (17 ans), un nom acquis dès l’enfance pour avoir balbutié faussement le nom du gardien du quartier Bilé.  C’est en quart de finale qu’il se révèle ainsi buteur impénitent, réussissant l’unique but de la partie (1- 0) contre les Pays de Galles (Wales). Il enchainait (3buts; 5-2) contre la France de Juste Fontaine, détenteur du record des buts (13 buts), une équipe de France  certes diminuée par la sortie du remuant Jonquet, dans une collision précisément contre Vava; le remplacement et l’expulsion n’étant pas encore prévus par le règlement en ce temps. La finale contre la Suède (29 Juin) allait enfin couronner la « Selecao » (5-2), dont deux buts de Pelé; le monde médusé par six buts d’un « gamin », en trois matches.  C’est un pari tenu par l’enfant à son père Dondinho. En effet, voyant son père en larmes suite à la  finale perdue à domicile contre l’Uruguay (1950), il avait promis: ne pleure pas papa, je ramènerai cette coupe un jour au Brésil. C’était chose promise et chose faite! La victoire du Brésil en Suède fut énorme au Brésil car le drame de Maracana (« Maracanazo »), était oublié et le dragon chassé. C’est ainsi que le Brésil aborde l’édition suivante au Chili  (1962) avec les mêmes armes. L’ossature des vainqueurs est bien présente, sans oublier Garricha le virevoltant ! La superbe équipe, superstitieuse a même affrété le même avion, qui l’avait conduit à Stockholm (1958).  Et quand Pelé déjà buteur contre le Mexique se blesse touché à l’aine, sur une frappe au second match contre la Tchécoslovaquie, l’on croit que c’en est fini du Brésil! C’était sans compter avec Garrincha dribbleur « insolite » et Amarildo la doublure de luxe qui  s’adapte comme un « poisson dans l’eau », dans un système offensif bondissant, conduit par Garrincha, Vava, Zagalo futur entraîneur ainsi que le chef d’orchestre Didi. Tour à tour, les équipes favorites tombent sur son passage: Angleterre (1/4 finale, 3-1)  le Chili à domicile (1/2 finale, 4-2), la Tchécoslovaquie en finale (3-1) et le Brésil  conservait ainsi son titre! Il réussissait cette grande performance outre l’Italie en 1930 et 1934. Rappelons que la France a manqué de peu, l’exploit, par deux fois sur penalties (VM 2006 face à l’Italie ) et Qatar (VM 2022 face à l` Argentine), après deux victoires (VM 1998 face au Brésil) et (VM 2018 devant la Croatie).

VM 1966 en Angleterre, le Brésil super favori, auréolé par deux succès, était le pays à battre! Face à Pelé, les défenseurs avertis n’allaient pas passer par les « quatre chemins » pour l’arrêter. Le Bulgare Zhechev l’abattait, le portugais Morais l’achevait et le Brésil était éliminé au premier tour. Tostao isolé aux avants postes n’y pu rien !

L’apothéose-Mondial 1970 : Pelé ou le langage de l’universel !

Il était écrit que le roi Pelé n’allait point se contenter de deux étoiles acquises en Suède (1958) et au Chili (1962)! Et  Mexico fut le temple du sacre royal, dans un stade acquis pour la cause brésilienne, devant l’Italie (4-1) dont le dernier but d’ontologie mérite que l’on s’y attarde, (86ème minute).  Au départ, c’est un brillant contrôle brésilien au milieu du terrain par Everaldo, «l’enfant noir», terme de Senghor l’académicien, dans ses poèmes! Gerson et Jairzinho se sont mêlés à la « samba » et la balle aboutit dans les pieds du roi Pelé qui confirma son art du ballon rond. Il a senti son capitaine Carlos Alberto qui arrive en vitesse. Sa passe mythique excentrée ponctuée par un tir fumant et un but du capitaine marqua les esprits par sa conception et sa réalisation: « un décret royal » qui acquit un nom: «la passe aveugle»!

Si l’Angleterre a inventé le football dit- on, Pelé l’a embelli, perfectionné, stylisé! Voire ses bicyclette goal, jeu de corps avec ou sans ballon, vision périphérique hors pair, technique en mouvement, « dribbling », tirs à partir du rond central et surtout un jeu de tête qui fait la différence avec ses rivaux, les fameux « Pelé blanc ». Le Pelé véritable,  c’est toute une panoplie qui le place au-dessus du lot, un joueur complet ! Unique détenteur de trois étoiles, Pelé incarne l’histoire de la Coupe du Monde de football et du sport en général !  Dommage que du groupe pétillant, Everaldo n’a pas vécu longtemps (30 ans), fauché par un accident mortel ainsi que son enfant et sa femme, au volant de son véhicule en 1974.

Pelé, c’est le langage de l’universel! Il n’a plus de couleur avec sa peau noire si matraquée durant des décennies dans plusieurs contrées du monde et soumise aux  préjugés immenses. Il repose à Santos depuis Mardi le 3 Janvier 2023, la ville qui l’a vu grandir et briller de mille feux entre 1956 et 1974. C’est au cimetière  » Memorial Necropole Eucumenica « ,  le plus haut cimetière du monde à 14 étages, aux côtés de son père Dondinho et un de ses enfants. La mère, Dona Celeste, centenaire, le « Tout Puissant » veille encore sur elle, ici-bas !

                      Viva O REI qui est allé au ciel!